Marché Diaobé : Une plateforme de divers produits alimentaires
Marché hebdomadaire de Diaobé
Une plateforme de divers produits alimentaires
Une fois par semaine, le mercredi, Diaobé, une commune située sur la RN6, qui est à quelques kilomètres des deux Guinée (Bissau et Conakry), est le lieu de négoce de toutes les régions du Sénégal, mais aussi de tous ses pays frontaliers. Le marché hebdomadaire de Diaobé est une sorte de bourse des produits comme les poissons séchés, l’huile de palme, le miel et de la pâte d’arachide entre autres. La contrée de par sa position géographique stratégique est un véritable carrefour commercial, où des Guinéens de Conakry, des Bissau-guinéens, des Maliens et des Gambiens font du business. Toutes ces nationalités y convergent pour commercer, négocier et échanger des produits de toutes sortes. Ainsi, Diaobé fait figure d’un véritable marché hebdomadaire sous-régional.
En cette matinée du lundi 23 octobre 2017, Diaobé commence déjà à réceptionner les flux de marchandises qui vont être écoulés le mercredi, jour du marché hebdomadaire. Des camions garés le long de la RN6 déchargent des lots de produits halieutiques, des fûts d’huile de palme et d’autres spéculations agricoles. D’après Abdoulaye Gnamadio, enseignant à Diaobé et par ailleurs, Directeur des Programmes de la seule radio communautaire de la zone TEWDUFM, les activités du marché hebdomadaire commencent déjà le lundi avec l’arrivée des marchandises des pays frontaliers et le débarquement au niveau des sites de commercialisation. Il indique que les commerçants venant de divers horizons du Sénégal et de la sous-région, font leurs transactions le mardi et souvent quittent Diaobé le mercredi soir ou au plus tard le jeudi matin. Ainsi, Diaobé vit au rythme des activités de son marché hebdomadaire, avec trois jours d’intenses activités et un calme relatif le reste de la semaine. Une autre spécificité du marché hebdomadaire de Diaobé est une certaine parcellisation des activités. En effet, les transactions commerciales du marché hebdomadaire se déroulent entre des sites dénommés « syndicat ». Il s’agit du Syndicat de la Guinnée-Bissau (huile de palme et dérivés, jus de citron et autres produits agricoles), le Syndicat de la Guinée- Conakry (graine de café, fonio, huile de palme et des fruits), le Syndicat du poisson séché ou ‘’parc guédje’’, le Syndicat malien (pâte d’arachide, poisson fumé, balai…) et le foirail des bovins, ovins, caprins et volaille Diaobé-Kabendou. C’est avec ce schéma d’organisation que les différents acteurs du marché de Diaobé font leurs échanges au cours du marché hebdomadaire. Le Maire de Diaobé, Moussa Diao soutient que « tous les marchés de Dakar et les autres marchés des régions du Sénégal ont une liaison hebdomadaire », avec sa commune. Ainsi, Diaobé reste une plateforme d’approvisionnements en produits alimentaires pour les différents marchés du Sénégal.
Un marché d’approvisionnement pour les commerçants des régions
Croisé au Syndicat de la Guinée-Conakry, Cheikh Touré, la quarantaine révolue, originaire du département de Mbour, se voit comme un petit opérateur qui vient s’approvisionner tous les 15 jours au marché hebdomadaire de Diaobé. « Je viens ici pour m’approvisionner en miel, huile de palme, nététou et gingembre », déclare-t-il. D’après lui, c’est après avoir eu écho des opportunités du marché hebdomadaire, qu’il fréquente Diaobé depuis deux ans, pour ensuite commercialiser ses produits dans sa bourgade et sur Dakar. Revenant sur sa trajectoire, il explique que c’est après avoir bourlingué en Afrique de l’Ouest notamment au Mali, Togo et Burkina-Faso, qu’il a décidé de revenir au Sénégal. Ainsi,
cherchant une idée d’activité économique, il a fait le choix de fréquenter le marché hebdomadaire de Diaobé, en investissant 200. 000 FCFA au départ, raconte Cheikh Touré. Ce dernier qui confie tirer son épingle du jeu de son business, envisage d’augmenter son activité quand il aura beaucoup plus de moyens financiers. Mieux loti que Cheikh Touré,
Alpha Camara commerçant de la région de Thiès, a fini de boucler le jour du marché hebdomadaire ses 2,5 tonnes de ‘’nététou’’ (condiment alimentaire d’une plante tropicale), en raison de 225 à 250 FCFA le kilogramme. Quand on sait que le kilogramme de ‘’nététou’’ est vendu en moyenne entre 600 et 700 FCFA dans les autres contrées du Sénégal, on imagine la bonne marge de bénéfice pour Alpha Touré. Toutefois, d’après lui, il devra aussi faire face aux charges, notamment payer la taxe aux Eaux et forêts en raison et 15 FCFA le kilogramme et ensuite débourser 25 FCFA par kilogramme pour le transport de son tonnage de ‘’nététou’’. Malgré tout, Alplha Touré reconnaît que son commerce nourrit bien son homme et qu’il compte bien continuer à commercialiser cette denrée.
El Hadji Sady NDIAYE