Valorisation des minéraux locaux : Développer l’habitat social et les revêtements par le biais de l’argile

L’argile utilisée dans l’industrie de la terre cuite est d’usage depuis des siècles dans le bâtiment. Dans le cadre des Journées des Sciences de la terre, les experts ont fait le plaidoyer pour la mise en place d’unités industrielles  de fabrication de briques cuites, de briques comprimées, de carreaux et de tuiles en argile à l’échelle départementale ou régionale, tout en renforçant la capacité des collectivités locales à booster, par un mécanisme de financement innovant, leur volume d’investissement.

Pour Doro Niang, géologue, environnementaliste, géotechnicien et président de l’Association de l’AJGES (association des jeunes géologues et environnementalistes du Sénégal), l’utilisation de l’argile, comme matériau de construction est une tradition très ancienne. Maintenant, il s’agit de promouvoir la valorisation de l’argile par le biais de l’Ecoconstruction. D’après le président de l’AJGES, il faudra mettre en place des unités de fabrication de briques cuites, de briques compressées, de tuiles et carreaux en argile. Pour cela, il pense qu’il faut renforcer les capacités de production des entrepreneurs locaux (jeunes et femmes), par une mise en réseau au sein de clusters organisés, autour de centres de formation et recherche, ou de bassin de production agricole. Doro Niang plaide aussi la territorialisation de l’accès à l’habitat décent, écologique, par le projet les « Cités de la République », pour contribuer à l’atteinte des ODD, notamment Villes et Territoires durables. En outre, il estime qu’il faut accompagner les communes dans la réalisation des équipements sociaux de base (salles de classe, postes de santé etc), par l’accompagnement des Bureaux d’Egalité de Chance (BEC). 

Les orientations de l’Ecoconstruction

 Selon le président de l’AJGES, l’argile  qui est disponible sur toute l’étendue du territoire sénégalais, permet de réaliser des logements à faible coût, avec un confort thermique (isolation thermique réversible) et une économie d’énergie entre autres. Même s’il reconnaît que l’eau peut provoquer une désagrégation des particules argileuses, en cas d’absence d’une bonne étanchéité superficielle, Doro Niang soutient que la valorisation des matériaux de construction, telles les argiles, est d’une importance capitale dans le cadre de la promotion de l’écoconstruction et la construction d’habitats sociaux dans les  pays en développement. Il en appelle à la nécessité de travailler sur une cartographie exhaustive des potentialités en termes de matériaux au niveau local, et d’installer des unités industrielles de production de briques cuites, de briques comprimées, de tuiles et de carreaux, dans chaque région du Sénégal. Dans le sillage de ces orientations, le groupe SOFAMAC (Société de fabrication de matériaux en céramique),  s’active déjà dans la valorisation de l’argile de Thicky et ambitionne d’atteindre une capacité de production de 30.000 tonnes par an. Selon Déthié Aw, Dg de SOFAMAC, les matériaux de terre cuite,  se sont adaptés à l’évolution de la construction et à ses impératifs, tant dans le domaine traditionnel que dans celui dit industrialisé. Les produits en terre cuite sont utilisés dans toutes les parties de la construction avec efficacité : briques, tuiles, éléments pour planchers, carreaux, conduites de fumées, éléments de décoration. Il souligne que les matériaux en terre cuite, sont fabriqués à partir d’argiles communes devenant souvent rouges,  à cause de l’oxyde de fer -à la cuisson ; excepté les argiles calcaires dont la couleur de cuisson varie du rose au jaune et au blanc. Il rappelle que l’industrie de la Terre Cuite a disparu du tissu industriel sénégalais au cours des années 70, au profit de la cimenterie.

El Hadji Sady NDIAYE

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