Avis d’expert : Le financement est le cœur du secteur privé
L’argent est le nerf de la guerre. Les opérateurs économiques ont ainsi besoin de « munitions, c’est-à-dire de ressources financières pour pouvoir investir, produire, commercialiser, gagner des marchés, créer de la richesse et des emplois. . . Bref, le financement est le cœur du secteur privé, résume l’expert financier Mohamed Dia. Le hic est que l’accès au financement reste encore problématique pour les Petites et Moyennes Entreprises (PME) qui composent l’essentiel du tissu économique en Afrique en général et au Sénégal en particulier.
Le consultant Mohamed Dia ne va pas par quatre chemins pour déterminer la place des ressources financières dans les activités des opérateurs économiques. « Le financement est le cœur du secteur privé », insiste-t-il. Sans financement adéquat, les investissements privés ne voient pas le jour, il n’y a pas de création de nouvelles entreprises et celles qui existent peinent à se développer. Ce qui affecte toute la chaîne de valeurs, fait observer l’expert financier. Cependant, il note que l’accès au financement reste problématique en Afrique, en particulier pour les Petites et Moyennes Entreprises (PME), qui forment l’essentiel du secteur privé dans cette région du monde.
Garanties
Pourtant, l’on affirme souvent que les établissements bancaires sont surliquides. Pour connaître la surliquidité d’une banque, on fait la différence entre les réserves constituées et les réserves requises aussi appelées réserves obligatoires, informe-t-il. A son avis, les banques ont peur de prêter de l’argent aux entreprises. « En quelque sorte, elles sous-financent l’économie », soutient-il sans blâmer les établissements bancaires qui ont peur de dépasser les seuils. Pour Mohamed Dia, il faut carrément revoir le système, c’est-à-dire faire de telle sorte que les banques aient des garanties sur leurs investissements, en poussant l’Etat à garantir la plupart des prêts. « Les banques ont peur sur la solvabilité de leurs clients », éclaire l’expert. Les banques craignent que les clients ne puissent pas rembourser, surtout en période de crise où il y a de fortes chances que les activités baissent ou que les clients se retrouvent au chômage.
Financement sur fonds propres
« C’est exactement le moment où les taux d’intérêt devraient être élevés à cause du risque que les banques encourent en cette période. Mais la BCEAO ne peut pas prêter à un taux bas et que les banques veuillent prêter à des taux exorbitants », analyse-t-il. Selon une étude de la Banque Mondiale menée dans ce sens, moins d’une entreprise sur quatre (soit 22,6 %) a pu obtenir un prêt bancaire ou une ligne de crédit. Et quand les entreprises obtiennent un financement, il faut une garantie dont la valeur est en moyenne 271,7 % du prêt, selon toujours l’étude. « Lorsqu’il s’agit des grandes entreprises, le taux est de 160,7 % et les petites entreprises ont un taux usuraire de 428,7 %. » Selon toujours une étude de la Banque Mondiale, plus de la moitié des PME sont financées par des fonds propres. « Les banques ne financeraient que moins de 15 % des PME », révèle-t-il. Pour Mohamed Dia, créer une entreprise est devenu une chose banale et rapide au Sénégal. Cependant, quand il s’agit de développer l’entreprise, la plupart fait face à un problème de financement.
Joseph SENE