Production horticole à Lendeng dans le département de Rufisque : L’horticulture tous les jours et en toute saison

A quelques encablures de l’usine de Sococim, sur une bande de terre escarpée de 57 hectares parallèles à l’autoroute à péage, toute une communauté d’horticulteurs membres du GIE des maraichers de Lendeng travaillent la terre bien avant l’indépendance du Sénégal. Dans cette zone toutes les variétés horticoles : oignons, pommes de terre, salade, piment et carottes, sont cultivées toute l’année.

En ce mois d’août pluvieux dans la Capitale Sénégalaise, les horticulteurs de Lendeng pour certains s’activent sur les terres pour entretenir les spéculations en culture. Dans une maison de l’un de leurs membres, à quelques jets des terres de culture, Kalidou Dia, vice-président et Porte-parole  du GIE des maraîchers de Lendeng, campe les échanges « ici, les activités horticoles se font sur toute l’année et tous les jours de la semaine ». Il poursuit pour dire qu’en de-hors des 57,83 hectares où les horticulteurs de Lendeng s’activent, d’autres membres de leur GIE travaillent sur des terres appartenant à la cimenterie Sococim. Ainsi, au total, les activités horticoles de Lendeng s’étendent sur quelques 80 hectares de terre, déclare Kalidou Dia. Ce dernier, pour marteler la place stratégique de Lendeng dans la production horticole de Dakar, soutient que son GIE englobe 145 producteurs qui font toutes les espèces horticoles, d’où l’affluence de femmes journalières,  des milliers de « Bana-bana », des charretiers et autres camions pour acheminer toutes les spéculations horticoles produites sur le site. Cette production est dispatchée  vers les marchés de Dakar comme Thiaroye, Castors et des localités comme Mbour sur la petite-côte, Kaolack et même la Gambie, énumère Kalidou Dia. Sur les statistiques de cette production à Lendeng, Fara Diamé informe que  les rendements surfent entre 40 à 60 tonnes à l’hectare pour l’oignon, les choux, la carotte et le navet, et pour la salade 20 à 30 tonnes. Il renseigne que l’étude réalisée par l’institut IYAGI sur le chiffre d’affaires des producteurs de Lendeng en 2011, affichait une enveloppe de 1, 5 milliards de FCFA. Parlant de la ressource essentielle dans toute production agricole, qui est la disponibilité d’eau, le vice-président du GIE des maraîchers de Lendeng explique que c’est la SONES qui a fait en son temps l’installation de 3 bornes et des compteurs divisionnaires pour fournir le périmètre de Lendeng en eau. Aujourd’hui, il faut dire que les maraîchers ont négocié des quotas d’eau dans le cadre de leurs activités horticoles, poursuit-il. 

Velléités de récupérer certaines terres et déficit d’infrastructures
de stockage et de conservation 
des productions

Parlant du foncier, Kalidou Dia indique que les terres de Lendeng n’ont pas échappé à la boulimie foncière de la région de Dakar, en attestent les constructions qui jouxtent la zone de production. Toutefois, informe-t-il, on reste sur nos gardes pour conserver nos terres de production de la zone.  Par ailleurs, à l’instar des autres contrées horticoles du Sénégal, les producteurs de Lendeng doivent faire face au surplus de production qui est vendu à des prix dérisoires et qui ne peut non plus être conservé, faute de déficit de stockage et de conservation. D’après le vice-président des maraîchers de Lendeng, en ce mois d’août 2021, le kilogramme de carotte coûte 1500 FCFA, alors qu’il y a de cela 3 à 4 mois,  le prix du kilogramme variait 125 et 150 FCFA à cause de la mévente de la production. S’il y avait des infrastructures sur le site de Lendeng, pouvant permettre une bonne conservation des productions horticoles, on pourrait en tirer un meilleur profit dans la commercialisation et aussi assurer une certaine  disponibilité des produits horticoles sur une bonne période de l’année. Toujours dans le sillage d’une bonne com-mercialisation des productions horticoles, des démarches ont été entreprises pour mettre en place sur le site de Lendeng un marché, confie le vice-président des maraîchers. Par ailleurs, Kalidou Dia déplore le fait que son GIE ne puisse pas bénéficier du matériel agricole subventionné par l’Etat du Sénégal. Dans le cadre des activités horticoles, les maraichers de Lendeng n’ont pas de motopompes, encore moins de tracteurs pour labourer la terre, il faut à chaque fois recourir à des prestations de services payantes, regrette le vice-président des maraîchers. Pourtant, on a adressé des correspondances aux autorités du département de Rufisque et même au Ministère de l’Agriculture pour bénéficier du matériel agricole subventionné par l’Etat du Sénégal, mais jusque-là, les producteurs de Lendeng sont laissés en rade, poursuit Kalidou Dia. 

Lendeng, ‘‘ seul poumon vert’’ dans la zone de Rufisque

Selon Fara Diamé, producteur horticole, le site de Lendeng cerné entre l’Autoroute à péage et la cimenterie Soccocim, reste le ‘’seul poumon vert’’ du département de Rufisque. Pour étayer ses propos, il indique que les maraîchers dudit site utilisent plus de 4000 tonnes de déchets organiques (fumier) dans le cadre de leurs activités horticoles, selon une étude menée par l’ISRA (Institut sénégalais de Recherche agricole). D’après Fara Diamé, les déchets organiques utilisés par les maraîchers de Lendeng participent à la conservation des terres. Cela fait plus de 60 ans que des générations de maraîchers travaillent sur le site et les terres restent toujours aussi riches en termes de production horticole. Il précise que des experts européens et même canadiens sont venus sur le site pour faire l’évaluation des terres et au finish, les résultats ont été extraordinaires à leurs yeux. Mieux, selon Fara Diamé, les experts ont relevé aussi qu’en termes de séquestration carbone, le site y joue un rôle important, sans pour autant que les maraîchers en soient conscients. Dans ce registre des points positifs de la production horticole de Lendeng, Kalidou Dia déclare que dans le cadre de la politique de l’emploi des jeunes du gouvernement sénégalais, les élèves pris en charge, viennent faire leur stage sur ledit site. Plus de trois établissements de formation en agriculture ont envoyé leurs élèves à Lendeng pour mettre en pratique les apprentissages pendant 15 jours, révèle le vice-président du GIE des maraîchers de Lendeng. Ainsi, des membres du GIE sont même cooptés dans le jury de certaines écoles de formation agricoles pour l’évaluation des apprenants. 

EL Hadji Sady NDIAYE

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