Serge Sadio, Président de la FAFA : « Aujourd’hui, les acteurs vivent des moments de hauts et de bas »
Depuis la fermeture des frontières aux importations de poulets, les aviculteurs locaux tiennent à bout de bras la filière. Maillons essentiels de la chaîne, les membres de la Fédération des Acteurs de la Filière Avicole vivent des moments de hauts et de bas. Le président de la FAFA Serge Sadio, qui fait cette assertion, passe au crible les goulots d’étranglement à lever pour l’envol de la filière avicole au Sénégal.
Défenses des intérêts des acteurs
La Fédération des Acteurs de la Filière Avicole est une organisation faîtière de producteurs et de transformateurs. Créée en 2002, l’association professionnelle est bien représentée sur l’étendue du Territoire national, assure son président Serge Sadio. La FAFA compte des associations à Dakar, Saint Louis, Thiès, Diourbel, Tambacounda, Kédougou, Ziguinchor, Kaolack, etc. La FAFA est composée d’hommes, de femmes, mais aussi de jeunes. Elle est membre de l’Interprofession Avicole du Sénégal (IPAS), ajoute-t-il. « Aujourd’hui, la FAFA travaille à fédérer, mais surtout à défendre les intérêts des acteurs de la filière avicole, surtout des petits producteurs même si nous ne croyons pas qu’il y a de petits ou grands producteurs », mentionne notre interlocuteur rencontré à Malika, une commune située dans le nouveau Département de Keur Massar.
Difficultés
Pour Serge Sadio, les aviculteurs n’en mènent pas large, malgré leur dynamisme. « Aujourd’hui, la filière avicole ne se porte pas bien, pour la bonne et simple raison que les acteurs vivent des moments de hauts et de bas, des difficultés », se désole-t-il. La filière ressort la tête de l’eau après les moments ardus causés par la pandémie de COVID-19. Le président de la FAFA espère d’ailleurs que la COVID s’estompe définitivement et que les activités reprennent de plus belle. « Les producteurs sont fatigués parce qu’en un an, nous avons connu deux hausses successives du prix de l’aliment de la volaille qui représente 60 à 70 % de l’investissement dans l’aviculture ». Avec les récentes augmentations, le prix du sac d’aliment de volaille a dépassé la barre des 15.000 francs à Dakar, signale-t-il.
Hausse systématique
Le « prétexte que les provendiers ont évoqué » est que les prix des céréales ont connu des hausses sur le marché mondial, à cause de la pandémie de COVID-19 notamment et aussi à cause des coûts du fret mondial. « Tout a augmenté et les provendiers ont répercuté cette hausse sur le prix des aliments », se plaint-il en faisant remarquer que dans l’aliment de volaille, il y a 30 kg dans chaque sac. Le maïs est, par conséquent, l’intrant principal qui entre en jeu dans la fabrication de cet aliment. Pour lui, les industriels devraient faire des provisions permettant de faire face à la hausse des matières premières sur le marché mondial ; ce qui allait éviter l’augmentation systématique des prix. La hausse de l’aliment par les industriels ne fait pas l’affaire des producteurs et ne favorise pas non plus la compétitivité du poulet qui reste cher, selon lui, sur le marché local.
Problèmes d’équipement
Les acteurs avicoles font aussi face à des difficultés liées à la logistique. Par exemple, les unités de transformation souffrent de problèmes d’équipement. « Le matériel que les transformateurs utilisent est assez sommaire. Et cela pose un problème de santé publique », avertit Serge Sadio. Pour lui, il est important qu’avec les autorités, l’on puisse nous aider à avoir des équipements qui permettent de travailler de la manière la plus saine qui soit. « Ce que nous faisons, c’est de la nourriture, de l’alimentation et de ce qu’on mange, on est en bonne santé ou pas », prévient-il. Dans la foulée, le président de la FAFA ajoute ceci : « C’est important que nous puissions avoir l’appui des autorités en équipement et en financement, mais dans des délais assez courts, parce que l’intervention de l’Etat est trop lente à notre avis ».
Poussins
Concernant l’approvisionnement en poussins, Serge Sadio indique qu’il y a des difficultés, mais l’on parvient à les juguler. Il y a assez de couvoirs, quand bien même il existe des zones du pays où vous n’en avez pas, signale le président de la FAFA. Pour corroborer ses dires, il cite les zones situées dans le Centre, le Sud et le Sud-Est du pays. « Les couvoirs sont concentrés entre Dakar, Thiès et un peu Saint-Louis. La majorité des couvoirs se trouve dans ce triangle. Il est important qu’il y ait une forme d’équité dans l’implantation des structures pour faire de l’aviculture au Sénégal », plaide-t-il.
Maladies émergentes
Les maladies émergentes et ré-émergentes constituent des menaces sur la filière avicole. Dans ce sens, Serge Sadio rappelle qu’il y a quelques années de cela, la maladie de Marek, apparue au Sénégal, a décimé les cheptels de poules pondeuses. La conséquence est qu’à un certain moment, le plateau d’œufs se vendait à 2.500 francs CFA. Aujourd’hui, il a connu une baisse, se situant à 2.100 sur les grandes surfaces. Cependant, estime-t-il, le plateau d’œufs est quand même cher, surtout si l’on sait le bienfait de l’œuf pour les enfants et les adultes. « Il est important que nous travaillions à avoir ces produits à des coûts raisonnables ».
Produits vétérinaires
Interrogé sur les produits vétérinaires, le président de la FAFA répond qu’il y en a assez. Néanmoins, il conseille de voir comment opérer des baisses sur les prix. Serge Sadio lance un plaidoyer en direction de l’ISRA pour qu’il y ait assez de vaccins au niveau des contrées situées à l’intérieur du pays, afin que les acteurs puissent en disposer en permanence parce qu’il y a des maladies qui apparaissent et réapparaissent. La récurrence de ces pathologies ne favorise pas l’aviculture semi-industrielle encore moins les poulets de l’aviculture traditionnelle qui ont aussi besoin d’être vaccinés.
Joseph SENE