AG du SNBTP : Plaidoyer pour l’instauration de la préférence nationale

Le Syndicat National des Entreprises du Bâtiment et des Travaux Publics du Sénégal (SNBTP) a tenu son assemblée générale le mardi 25 juin 2024 à Dakar. Placée sous le thème « Partenariat public privé, la préférence nationale en action », la rencontre a été l’occasion pour les acteurs du secteur de réaffirmer leur doléance sur l’accès aux marchés publics. L’économiste, Pr Meïssa Babou a animé un panel sur la problématique.

Le président du SNBTP, Abdel Kader Ndiaye a rappelé les acquis de l’organisation en 25 ans d’existence. Il a listé entre autres l’émergence d’entreprises nationales exécutant des marchés publics, l’amélioration du cadre juridique des partenariats publics-privés et l’appui au recouvrement des créances. M. Ndiaye a également mis en exergue les progrès en termes de formation, d’insertion et d’accompagnement des jeunes.
Abdel Kader Ndiaye a indiqué qu’en 2018, le secteur de la construction représentait 3% du PIB soit 12% de la valeur ajoutée. Toutefois, il déplore la part belle faite aux entreprises étrangères en matière d’attribution des marchés publics produisant une croissance extravertie. Le président du SNBTP a fait le point sur les faiblesses des entreprises du secteur à savoir le cadre institutionnel désorganisé, la prolifération des organisations patronales, le déficit de financement et les longs délais de paiement des structures étatiques après l’exécution d’une commande.
En dépit de tous ces blocages, M. Ndiaye se réjouit que le syndicat soit une force de proposition déterminée à passer à l’action. Les attentes vis à vis l’Etat s’articulent autour de la définition du statut de l’entreprise nationale. Il faut également, selon le syndicat, diversifier l’économie en évitant la dépendance à l’économie de rente. Pour Abdel Kader Ndiaye, le programme des cent mille logements est une occasion pour relancer le secteur des BTP.

Souveraineté économique

Le président de Confédération Nationale des Employeurs du Sénégal (CNES), Adama Lam s’est montré optimiste par rapport au nouveau régime. Il a insisté sur la nécessité de miser sur la formation duale où les apprenants vont passer plus de temps dans les entreprises. D’après lui, la qualité des prestations constitue un frein et pose le problème de l’employabilité.
M. Lam trouve que les entreprises nationales ne peuvent plus se contenter d’être des sous-traitants. Il les invitent à mutualiser leurs forces pour faire face à la concurrence des sociétés étrangères d’une part et gagner des parts de marché dans la sous-région, d’autre part.
La représentante de la Direction des Infrastructures, Marie Dramé Ndiaye s’est engagée à transmettre aux autorités les propositions, doléances et préoccupations portées par le Syndicat lors de l’assemblée générale.
De son côté, la présidente du Haut Conseil du Dialogue Social (HCDS), Innocence Ntap Ndiaye a souligné l’importance des partenariats publics privés afin de promouvoir la préférence nationale en vue de l’atteinte de la souveraineté économique. Cela constitue, d’après elle un levier pour booster l’emploi des jeunes. Mme Ndiaye s’est montrée disposée à accompagner les entreprises du secteur des BTP dans leurs initiatives.

Force de proposition

Dans sa présentation, Pr Meïssa Babou est revenu sur les préalables à l’instauration de la préférence nationale.  Les entreprises du BTP doivent, selon lui, donner des gages sur le financement et la qualification en prouvant leur professionnalisme, leur expérience et leur compétence. La capacité d’adaptation aux défis de l’heure tels que l’écologie et l’intégration des nouvelles orientations sont également nécessaires. L’accès à la technologie et le renforcement de la formation méritent une attention particulière.
Pour sa part, l’Etat doit réformer le code des investissements et procéder à des appels d’offres nationales ou l’échelle de la région en fonction des besoins. Pr Babou invite les autorités à imposer que toute entreprise exécutant une commande publique soit détenue à plus de 50% par des Sénégalais. A l’en croire, nos gouvernants doivent veiller au transfert de technologies et initier des réformes foncières et fiscales.
Par ailleurs, l’économiste appelle les acteurs du BTP à opter pour une concertation multisectorielle impliquant les urbanistes, les architectes, les ingénieurs pour constituer une force de proposition.
A l’issue de l’Assemblée générale du Syndicat, le président Abdel Kader Ndiaye a été réélu à l’unanimité pour un mandat de trois ans.

Onass Mendy

Papa Code NDOYE

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