Distribution du cheptel sahélien : Un potentiel riche pour un pays comme le Sénégal
Citant un recensement sur le cheptel sénégalais, notre pays en était à quelques 3,9 millions de bovins, renseigne le docteur Bobo Sow. Dans ce lot on y dénombre 2, 8 millions de vaches, dont 1,2 millions de vaches en production ou en âge de production. Au finish, les retombées laitières restent conséquentes pour un pays de 18 millions d’habitants comme le Sénégal, déclare le docteur vétérinaire Bobo Sow.
Selon notre interlocuteur, comme au Sénégal, on s’accorde à dire que nos vaches ne produisent pas assez de lait. Supposons qu’à partir des 1, 2 millions de vaches en production ou en âge de production, la moitié, les 600.000 vaches produisent un minimum de 3 litres par jour en saison des pluies, c’est-à-dire pendant 5 mois (Juin-Juilliet-Août-Septembre-Octobre), on en arriverait en 150 jours à 900 millions de litres en théorie ! Pour un pays de 18 millions d’habitants, le ratio est plus que correct, sous-entend le vétérinaire Bobo Sow. Il rappelle que l’Etat du Sénégal a initié un programme d’insémination artificielle pour améliorer le potentiel laitier des vaches locales depuis 1986. Ainsi, chaque année quelques 2500 têtes de bovins sont importées au profit des éleveurs du Sénégal. Néanmoins, le docteur Bobo Sow est d’avis qu’on « travaille à fond sur notre race locale, car tous les pays qui ont réussi, ont d’abord commencé par leur cheptel local ». Qu’il s’agisse du Maroc, de l’Algérie, de l’Ecosse et du Brésil entre autres, ils ont travaillé d’abord sur leurs races locales avant de faire le choix de l’amélioration génétique », explique le docteur Bobo Sow. Ce dernier confie que la vache dénommée ‘‘Sénépol », qui est la meilleure race aux Etats-Unis et au Brésil, dans ses gènes , on y retrouve des caractéristiques de notre vache ‘’ndama’’ de la Casamance. Aujourd’hui, les Brésiliens sont les champions en production laitière et ont travaillé sur nos races locales, il faudrait que dans l’objectif d’augmenter la production laitière du Sénégal de commencer par notre cheptel local.
Sur un autre aspect, le directeur du CIMEL de Mbakhana souligne que pour produire du lait, il faut de l’aliment et l’assertion au Sénégal, c’est de dire qu’on n’a pas d’aliment. Je ne partage pas un tel avis, parce qu’on a beaucoup de résidus de culture qui peuvent servir dans l’alimentation des bovins au Sénégal, notamment dans la production de céréales (mil, maïs, sorgho), dont les populations n’utilisent que les graines et pas la tige. Pour le docteur Bobo Sow, si nous voulons l’autosuffisance en lait, il faudrait qu’on s’oriente vers la valorisation de ces résidus de culture.
Valoriser nos résidus de culture
Sur cet objectif, il recommande la mise en place au niveau des zones de production des pôles où les jeunes dont les parents sont des cultivateurs, de prendre en charge la transformation de ces résidus de culture en aliment de bétail, pour desservir les zones d’élevage où il n’y a pas de culture, notamment la zone sylvo- pastorale. L’idée est de pouvoir sécuriser la production de lait durant toute l’année avec une telle logistique, car c’est l’alimentation qui va booster la production de lait au Sénégal, martèle le Directeur du CIMEL de Mbakhana.
Une telle orientation nécessite des infrastructures de transport, de collecte, de conservation sur les hubs laitiers et d’organiser les populations qui pratiquent l’élevage à avoir plus de valeur ajoutée sur le lait. Selon le docteur Bobo Sow, il y a assez de forages dans le monde rural, ce qui permet du coup de développer la culture fourragère et mettre en place des usines de fabrication d’aliment de bétail basé sur du fourrage. Il s’agira aussi de mettre l’éleveur pastoral au coeur de ce dispositif, parce que maintenant les populations peulh sont conscientes des enjeux financiers qu’il y a dans la production de lait, relève le docteur Bobo Sow.
Il indique en outre, qu’il faudra demander aux industriels qui sont dans le business du lait en poudre de participer à l’effort d’industrialisation de la filière lait du Sénégal. Toutes les conditions sont réunies pour une réussite de la filière lait soutient notre interlocuteur : le cheptel est là, les grands espaces et les techniques pour faire avancer les choses. Pour le docteur Bobo Sow il suffira de réussir la cohésion entre la stratégie de production et la stratégie de commercialisation.
El Hadji Sady Ndiaye
Dr Bobo Sow du Cimel de Mbakhana
Un champ de ‘‘Niébé ’ ‘ en expérimentation pour l’alimentation du cheptel
Un périmetre de culture fouragère en expérimentation
Un moyenne de trois (03) litres de lait est produite par une vache locale