Région de Kolda : Le parcours du combattant des entrepreneurs laitiers
A Kolda, les entrepreneurs laitiers s’évertuent à produire, à valoriser et à commercialiser leurs produits. Cependant, ils sont confrontés à plusieurs contraintes relatives au déficit du lait en saison sèche, ainsi qu’au manque de moyens matériels et financiers.
Après avoir attaché un bidon rempli de lait sur sa moto, Saïdou Baldé, entrepreneur laitier, s’apprête à aller livrer une commande. Même si ce moyen de transport n’est pas commode, le transformateur laitier se plie en quatre pour satisfaire sa clientèle. A Kolda, les professionnels qui s’activent dans la valorisation du lait local sont soumis à un parcours du combattant. Le chemin de l’entrepreneuriat laitier est parsemé d’embûches.
« A Kolda, nous avons des potentialités, cependant, il reste beaucoup à faire. Si les autres viennent nous damer le pion, c’est parce que le matériel de production fait défaut », se désole-t-il. Pour étayer ses propos, cet opérateur économique énumère les besoins d’équipement relatifs aux pasteurisateurs, aux conditionneuses automatiques, aux emballages et au matériel roulant pour la distribution des produits laitiers. « Avec du matériel haut de gamme, nous pouvons booster la production », assure-t-il.
Dans la foulée, il plaide pour un soutien accru aux éleveurs et un renforcement de la vaccination. Pour améliorer la production laitière Saïdou Baldé recommande aussi de mettre l’accent sur la construction de puits améliorés et la clôture des parcelles en vue de développer la culture fourragère.
L’équation des feux de brousse
« On a des difficultés relatives à la disponibilité du lait, en cette période de saison sèche. Il y a un déficit de production du lait », signale Amadou Baldé, un autre entrepreneur laitier à Kolda. « Grâce à un partenariat avec la SODEFITEX, les producteurs disposaient de graines de coton à des prix subventionnés. Cela leur permettait de bien alimenter les vaches durant la saison sèche et d’augmenter la production de lait », fait-il observer.
Durant la saison sèche, les feux de brousse réduisent en cendres l’herbe. En outre, il fait remarquer que cette herbe sèche n’est pas aussi riche pour avoir beaucoup de lait.
Cet entrepreneur laitier a identifié deux leviers en vue d’améliorer la production de lait à Kolda. Il s’agit d’appuyer les éleveurs pour l’obtention de graines de coton et de créer des fermes fourragères en vue de renforcer l’alimentation animale.
Multiples difficultés
En plus des difficultés liées à la production, les acteurs rencontrent également des contraintes au sujet de la transformation du lait. « Nous sommes confrontés à un déficit de matériel et de moyens financiers », avoue Amadou Baldé. De 2004 à 2007, il faisait des sachets dénommés « Lait Pathé Waré ».
Cependant, à causes des multiples difficultés, il a été obligé d’arrêter la production. Ensuite, il est allé à Saint-Louis travailler dans une entreprise agricole. Après avoir engrangé des ressources financières, Amadou Baldé est rentré au bercail en 2017 pour reprendre le flambeau de la transformation laitière. « Je réalisais un chiffre d’affaires de 700.000 FCFA par mois. Le lait local était au top à Kolda », se souvient-il.
Cependant, l’arrivée des produits laitiers tels que « Dolima » et « Yélitaré » a engendré une rude concurrence sur le marché de Kolda. A son avis, l’emballage est un aspect important pour pouvoir s’imposer face à la concurrence et gagner des parts de marché. Pour contourner ces difficultés, Amadou Baldé s’est abreuvé à la source de la sagesse stratégique comme disent les spécialistes du Marketing. A défaut de pouvoir concurrencer les nouveaux arrivants sur le marché, il a préféré jeter son dévolu sur l’exportation. « Je transforme le lait et j’exporte en Guinée Bissau », révèle l’entrepreneur laitier.
Investissements nécessaires
« Pour le moment, je me focalise sur le marché bissau-guinéen et les loumas », poursuit-il. Ainsi, Amadou Baldé parcourt 50 km, à bord de sa moto, en 2 ou 3 heures, à cause du mauvais état des routes en terre bissau-guinéenne. L’entrepreneur laitier se retrouve avec un chiffre d’affaires compris entre 40.000 et 50.000 FCFA, un jour sur deux. Sa stratégie consiste à essayer d’engranger le maximum de moyens financiers sur le marché bissau-guinéen et au niveau des loumas sénégalais en vue de faire les investissements nécessaires avec une nouvelle marque de lait.
Joseph SENE
Saïdou Baldé, estime qu’avec du matériel haut de gamme, les acteurs peuvent booster la production du lait à KoldaL’entrepreneur Saïdou Baldé s’apprêtant à livrer une commande de lait à Kolda
Amadou Baldé, un transformateur laitier à Kolda, exportateur en Guinée Bissau