Sidy Ba, SG du Cadre de Concertation des Producteurs Agricoles (CCPA) : « Pour sauver la filière, il faut encourager la transformation communautaire de l’arachide »

L’arachide exportée ou vendue à l’usine n’est pas profitable aux producteurs et aux organisations professionnelles agricoles. Telle est la conviction de Sidy Ba, secrétaire général du Cadre de Concertation des Producteurs Agricoles (CCPA), qui est également le président de la Société coopérative du groupement inter-villageois des producteurs agricoles de l’Arrondissement de Ngothie (dont le siège se trouve à Gandiaye). Cet acteur économique de premier plan de la production des oléagineux estime que pour sauver la filière, il faut encourager la transformation communautaire de l’arachide en graines, huile, farine, pâte, etc.

La campagne de commercialisation de l’arachide est souvent marquée par des difficultés. En effet, après avoir récolté, les vaillants agriculteurs peinent parfois à écouler leur production. . . La campagne agricole 2023-2024 n’a pas dérogé à cette règle. « Les étrangers ne sont pas présents et les huiliers ne semblent pas avoir les moyens », déplore Sidy Ba, secrétaire général du Cadre de Concertation des Producteurs Agricoles (CCPA), rencontré en Mars 2024, à Kaolack, au cours de notre mission. Le président de la Société coopérative du groupement inter-villageois des producteurs agricoles de l’Arrondissement de Ngothie (dont le siège se trouve à Gandiaye) souligne que le prix au producteur (fixé en 2024 à 280 F au moins par kg contre 225 F l’année dernière) ne répond pas aux attentes des producteurs. En outre, les abattements aux points de vente entraînent des pertes sèches au détriment des agriculteurs. En effet, à défaut de la tare qui permettait d’enlever les impuretés, il est appliqué un abattement qui fait perdre aux acteurs économiques une bonne partie de la production d’arachide.

Transformation communautaire

Pour étayer ses propos Sidy Ba, révèle avoir perdu 700.000 FCFA, cette année, à cause des abattements au niveau d’une unité de transformation à Kaolack. « A chaque fois que l’on amène un camion d’arachide, on subit des abattements qui peuvent varier de 1 tonne à 1,5 tonne », se désole-t-il. Pour sauver la filière, il faut, à son avis, encourager la transformation communautaire de l’arachide. Ainsi, il suggère de décortiquer d’abord les graines avant de les vendre aux huiliers. Outre le décorticage qui permet d’avoir des coques pouvant entrer dans l’aliment du bétail, l’on peut, au niveau communautaire, transformer l’arachide en huile, pâte d’arachide, farine et en tourteaux. Autant de produits dérivés qui peuvent apporter de la valeur aux agriculteurs. Si l’huile ainsi obtenue répond aux normes de qualité, les acteurs économiques peuvent la mettre sur le marché, sinon, ils auront la possibilité de la vendre aux huiliers qui vont la retraiter, explique-t-il. Dans ce cadre, le secrétaire général du Cadre de Concertation des Producteurs Agricoles (CCPA) cite l’exemple de l’unité de transformation de Taïba Niassène (Département de Nioro du Rip) qui a fait tache d’huile dans la valorisation de l’arachide au niveau communautaire (voir par ailleurs). « L’arachide exportée ou vendue à l’usine n’est pas profitable aux producteurs et aux organisations professionnelles agricoles », fait-il remarquer. Pour renverser la tendance, Sidy Ba recommande d’encourager l’installation d’unités communautaires de transformation de l’arachide. « C’est la meilleure option pour les producteurs », estime-t-il. En outre, la plus-value va rester au niveau local, en lieu et place de l’exportation des matières premières.

Meilleure option pour les producteurs

Cependant, la mise en œuvre d’une telle stratégie requiert l’accompagnement des autorités. « Si l’Etat donne des lettres de confort aux organisations professionnelles agricoles, elles pourront lever des financements auprès des banques et des Institutions de micro-finance », argumente-t-il. Ainsi, les acteurs locaux pourront faire la transformation, vendre leurs produits et rembourser les financements. Pour corroborer ses propos, il cite l’exemple des industriels. « Les usines n’ont pas d’argent, mais des lettres de confort au niveau de leurs partenaires étrangers ou locaux », éclaire Sidy Ba, un avocat défenseur du monde agricole.

Joseph SENE

  

Papa Code NDOYE

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