Commune de Taïba Niassène (Kaolack) : Immersion dans une unité de transformation de l’arachide
Dans le Département de Nioro du Rip (Région de Kaolack), la Société coopérative agricole de production, de commercialisation et de transformation de la Commune de Taïba Niassène s’active dans la valorisation de l’arachide, en huile, pâte, entre autres dérivés. Immersion dans cette unité de transformation communautaire qui a fait tache d’huile, en dépit des multiples contraintes.
En ce mois de Mars 2024, le soleil darde ses rayons et un vent chaud souffle dans le Saloum. Mis à rude épreuve par la canicule, les corps transpirent. Mais cette forte chaleur semble doper les professionnels qui s’activent au sein de l’unité de transformation de l’arachide située dans la Commune de Taïba Niassène (Département de Nioro du Rip, Région de Kaolack). L’unité de valorisation des oléagineux est composée de plusieurs compartiments. Dans une pièce, de braves dames trient les graines d’arachide. A côté, dans une autre salle où règne une chaleur d’étude, des actrices économiques grillent les graines d’arachide à l’aide d’une machine. L’unité industrielle est dotée d’une aire de stockage, d’un espace pour le décorticage, d’une aire de triage et de trituration de l’arachide… Située dans une grande pièce, la presse à huile étend ses tentacules. « La machine a une capacité de traitement de 1.000 litres la nuit et 1.000 litres la journée ; soit l’équivalent de 50 bidons de 20 litres d’huiles par tranche horaire», explique Mme Fatou Omar Niasse, la secrétaire générale de la Société coopérative agricole de production, de commercialisation et de transformation de la Commune de Taïba Niassène, située dans l’Arrondissement de Paoskoto.
Transformation communautaire de l’arachide
Fruit d’un partenariat entre l’Inde et le Sénégal, la machine est un don de l’Etat à cette Société coopérative agricole, sous le régime de l’ancien président de la République Abdoulaye Wade. Cependant, en dépit de leur engagement, ces actrices économiques rencontrent des difficultés dans la conduite de leurs activités relatives à la transformation de l’arachide. Evoquant les multiples contraintes, Mme Fatou Omar Niasse mentionne d’abord la cherté de la matière première. « Le kilogramme de l’arachide décortiquée nous revient à 525 F. Il faut traiter 2,5 kg d’arachide pour pouvoir avoir un litre d’huile », éclaire l’opératrice économique. D’après elle, la cherté de l’arachide freine le développement des activités relatives à la transformation. La secrétaire générale Mme Fatou Omar Niasse évoque un autre écueil relatif à la non disponibilité d’une pièce détachée appelée « Arbre ». En voie de conséquence, lorsque cette pièce s’use, les transformateurs rencontrent d’énormes difficultés, car elle est introuvable sur le marché. En guise de solution, l’on fait une retouche, mais cette modification ne donne pas les résultats escomptés, fait remarquer Amath Niasse, un technicien de la Société coopérative agricole.
Kyrielle de contraintes
La cherté du coût de l’électricité constitue une autre contrainte pour l’exploitation de l’unité de transformation de l’arachide de Taïba Niassène. L’énergie est en effet un intrant incontournable pour le fonctionnement de la chaudière servant à chauffer l’arachide avant la trituration. Après la transformation de l’arachide, la Société commercialise la production dans les loumas, marchés hebdomadaires et les foires, sans oublier les clients qu’on livre à domicile. Mme Fatou Omar Niasse donne des garanties sur la qualité de l’huile produite dans leur unité en indiquant que les transformateurs traitent l’aflatoxine avec de l’attapulgite. Dans ce cadre, elle révèle que les membres de la coopérative ont bénéficié d’une formation de l’Institut de Technologie Alimentaire (ITA). Pour faciliter l’écoulement de la production en pâte d’arachide, la Société souhaite travailler en partenariat avec les chocolatiers qui achètent plusieurs tonnes. L’unité de transformation fait également de la prestation de services pour les clients en vue de mieux rentabiliser l’outil de production.
Pour booster la transformation
Des responsables de la Société ont eu à discuter avec des huiliers pour leur vendre de l’huile brute. Cependant, les prix proposés ne sont pas intéressants, précise la secrétaire générale. Abordant les avantages liés à la valorisation des produits locaux, elle évoque la création de valeur ajoutée et d’emplois, sans oublier les dérivés en tourteaux qui entrent dans la composition de l’aliment du bétail et de la volaille. Etant donné que la presse à huile est âgée de plus de 12 ans, les membres de la Société souhaitent aussi son renouvellement. Ces acteurs économiques ont également besoin de financement à long terme (au moins 2 ans) en lieu et place du financement à court terme (6 mois à 1 an) qui n’offre pas beaucoup de marge de manœuvre.
Joseph SENE