Management de la filière arachide : Un expert suggère de renforcer la SONACOS et de remettre sur pied la SONAGRAINES
Pour résoudre l’équation de la mévente de l’arachide et créer des emplois, le chef du Service Départemental du Développement Rural (SDDR) de Kaffrine, Mignane Diouf, invite à revenir à l’ancien système de management de la filière qui a fait tache d’huile. Il suggère notamment de renforcer la SONACOS, qui était spécialisée dans la transformation, en ouvrant toutes les usines qui produisaient de l’huile au Sénégal et de remettre sur pied la SONAGRAINES qui était chargée de l’encadrement, de la production et de la commercialisation de l’arachide.
« Kaffrine est une zone de production d’arachide et nous avons d’importantes superficies qui sont emblavées », souligne Mignane Diouf, chef du Service Départemental du Développement Rural (SDDR). Parmi les principales contraintes de la filière, il énumère la dégradation des terres, la diminution des superficies à cause de l’urbanisation galopante, l’insuffisance de la subvention des intrants, la mévente de la production, etc. La commercialisation de l’arachide n’est pas de tout repos, d’après lui. Si les producteurs vendent leurs récoltes à l’usine, ils sont parfois obligés d’attendre longtemps avant de pouvoir recevoir leur argent, explique-t-il. Or, ces acteurs, qui disposent de peu de ressources, doivent faire face à des charges urgentes Ainsi, les producteurs sont obligés de brader leurs récoltes dans les loumas.
Redémarrer toutes les usines
Les Chinois proposent de bons prix, mais leur présence a été timide cette année, mentionne-t-il. « Les industriels achètent difficilement. Ils rencontrent des problèmes de financement », constate le chef du Service Départemental du Développement Rural de Kaffrine. . . La campagne de commercialisation concerne la collecte de l’arachide pour l’huilerie et la constitution de stocks pour les semences. Concernant l’huilerie, 3.472,48 tonnes d’arachide ont été collectées dans la Région de Kaffrine, au mois de Mars 2024, soit une hausse de 30 tonnes par rapport à l’année dernière. Pour la constitution de stocks, la Région a enregistré 294,98 tonnes de semences de base. Pour les semences R1, il y a eu 4.585, 280 tonnes et en R2, il y a eu un stock de 24.728,053 tonnes. Concernant les semences collectées pour la Région, il y a eu une hausse de 29.608,320 tonnes au mois de Mars par rapport à la campagne de commercialisation de 2023. La production d’arachide totale de la Région de Kaffrine a été estimée à 304.185 tonnes, pour l’année 2022, selon la Direction de l’Analyse, de la Prévision et des Statistiques Agricoles (DAPSA).
Spécialisation de la SONACOS et de la SONAGRAINES
Pour résoudre l’équation de la mévente de la production et créer davantage d’emplois, le SDDR Mignane Diouf suggère de redémarrer toutes les usines de la Société Nationale de Commercialisation des Oléagineux du Sénégal (SONACOS) qui produisaient l’huile au Sénégal. « Il faut également remettre sur pied la SONAGRAINES qui était chargée de l’encadrement, de la production et de la commercialisation de l’arachide », recommande-t-il. « La SONAGRAINES, qui était présente sur toute la chaîne, avait même des agents techniques dans les villages pour encadrer les acteurs économiques. Les services techniques faisaient le suivi », révèle notre interlocuteur, en vantant les vertus de ce modèle dans la commercialisation et la valorisation de l’arachide. « La SONACOS se concentrait sur la transformation. Elle faisait de l’huile, du savon, du tourteau d’arachide, de l’eau de javel et du vinaigre», rappelle le SDDR, qui se montre nostalgique du passé glorieux de la filière avec une spécialisation de la SONACOS et de la SONAGRAINES. . . Aujourd’hui, il fustige la propension à l’importation de l’huile. D’après lui, cette stratégie ne fait que l’affaire de quelques acteurs au détriment de l’intérêt général qui passe par le développement de l’industrie locale. Mignane Diouf suggère également de doter l’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA) de moyens conséquents pour la production de semences de pré-base (G0, G1 et G2) et de renforcer l’équipement des producteurs ainsi que l’engrais.
Joseph SENE