Commerce transfrontalier zone CEDEAO: L’option d’un certificat phytosanitaire harmonisé
Le Programme de Résilience du Système Alimentaire de l’Afrique de l’Ouest (FSRP) a organisé, le mardi 20 mai 2025, un atelier de sensibilisation à l’intention des acteurs du commerce transfrontalier. Cette rencontre portait sur le certificat phytosanitaire harmonisé ainsi que sur d’autres dispositions communautaires visant à faciliter le commerce intra-régional des produits agro-sylvo-pastoraux. L’objectif est de réduire, voire éliminer, les obstacles et tracasseries fréquemment rencontrés dans les échanges commerciaux régionaux.
Malgré les nombreux dispositifs mis en place pour faciliter les échanges, le niveau des échanges entre pays africains reste faible, se situant autour de 15 %. Au sein de la CEDEAO, de nombreux freins persistent, notamment aux points de passage frontaliers, compromettant ainsi la fluidité des échanges de marchandises.
C’est dans cette dynamique que le FSRP (en anglais, Food System Résilience Program), à travers sa composante 3, ambitionne de mettre en place des normes phytosanitaires communes à l’ensemble des États membres.
Un certificat reconnu dans toute la région
Selon Dr Mouhamadou Lamine Dia, Coordonnateur du FSRP pour le Sénégal, la commercialisation des produits agricoles et d’élevage issus de l’espace communautaire est freinée par « les entraves liées à la non-application de la reconnaissance mutuelle et à l’utilisation de certificats non harmonisés le long des corridors commerciaux ». Ces obstacles ralentissent considérablement la circulation des produits.
L’atelier visait donc à formuler des propositions « réalistes et concrètes » à soumettre aux autorités de la CEDEAO. À ce sujet, Justin Bayili, consultant auprès de la Commission de la CEDEAO, souligne l’objectif de « disposer d’un guide régional d’inspection sanitaire élaboré afin, de s’assurer qu’au niveau régional, tous les praticiens ont les mêmes pratiques d’inspection ». Ainsi, « si un État quelconque délivre un certificat phytosanitaire, celui-ci sera valable dans tous les autres États », explique-t-il.
Actuellement, le Sénégal, le Ghana, le Burkina-Faso, le Mali, le Niger, la Sierra Leone, le Togo et le Tchad ont adhéré à ce programme, liste Justin Bayili.
Mobiliser les acteurs du terrain
Cet atelier s’adressait autant aux autorités publiques qu’aux acteurs du commerce transfrontalier : commerçants, transporteurs, chauffeurs, industriels, forces de contrôle routier, ainsi que les structures d’encadrement du secteur privé.
Dr Mbaye Chimère Ndiaye, Secrétaire général de la Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture de Dakar (CCIAD), a rappelé que les produits agricoles représentent une part importante du commerce régional. Toutefois, ils sont soumis à des exigences sanitaires strictes, destinées à protéger la santé des consommateurs et préserver la biodiversité. Dès lors, ce certificat phytosanitaire harmonisé apparaît comme « un outil crucial, un levier de compétitivité et un facteur de réduction des coûts du commerce ».
Il estime que la réussite de ce mécanisme repose sur l’implication des acteurs de terrain, notamment les commerçants, les chauffeurs, les transporteurs et les industriels, dont « l’appropriation des outils, la compréhension des procédures et l’engagement dans la mise en œuvre sont essentiels pour la réussite du dispositif ».
Au cours de l’atelier, les bonnes pratiques en matière de commerce transfrontalier ont été partagées avec les participants. La séance s’est conclue par la formulation de recommandations ainsi qu’une stratégie de mise en œuvre pour assurer l’efficacité du processus engagé.
Sanou BADIANE