Mise en œuvre de la Vision Sénégal 2050 Le rôle central des Chambres Consulaires mis en exergue
Le cinquième et dernier panel du deuxième Forum organisé par l’Association des Commerçants et Industriels du Sénégal (ACIS), tenu du 13 au 15 février 2025, avait pour thème : « Rôle et place des Chambres consulaires dans la mise en œuvre de la Vision Sénégal 2050 ». Cet échange a mis en lumière le rôle essentiel de ces institutions en tant qu’interface entre l’État et le secteur privé. Les participants ont dressé un diagnostic de la situation économique actuelle et formulé des recommandations pour un meilleur positionnement des Chambres consulaires afin de relever les défis à venir.
En tant qu’interface entre l’État et le secteur privé, les Chambres consulaires doivent jouer un rôle central dans la mise en œuvre de la Vision Sénégal 2050, une stratégie initiée par le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye. L’ambition affichée est de renforcer l’endogénéisation de l’économie nationale en s’appuyant sur le secteur privé local. Toutefois, plusieurs prérogatives des Chambres consulaires ont été progressivement transférées à d’autres structures, un constat déploré par Matar Cissé, juge au Tribunal du Commerce et président de la Commission Pêche de la Chambre de Commerce de Dakar.
Un diagnostic de l’économie sénégalaise a été présenté par Dr Mbaye Chimère Ndiaye, Secrétaire Général de la Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture de Dakar (CCIAD). Il a souligné la forte dépendance du pays vis-à-vis de l’extérieur, due à une balance commerciale déficitaire, un déficit budgétaire persistant et un manque d’articulation entre le secteur primaire et le secteur secondaire.
Renforcer la productivité et la souveraineté budgétaire
Face à ces défis, les Chambres consulaires sont appelées à jouer un rôle crucial dans l’augmentation de la productivité, en particulier dans le secteur primaire. Dr Ndiaye a mis en avant le projet des « autoroutes de l’eau », qui vise à développer une agriculture irriguée toute l’année.
Par ailleurs, ces institutions ont un rôle majeur à jouer dans l’atteinte de la souveraineté budgétaire. Au Sénégal, 99 % des entreprises sont des PME, dont 97 % opèrent dans le commerce, majoritairement dans l’informel. La formalisation de ce secteur, encouragée par le président de la République, permettrait d’élargir l’assiette fiscale et de renforcer l’autonomie budgétaire du pays.
Les Chambres consulaires jouent également un rôle de promotion des entreprises locales à l’international, facilitant les partenariats étrangers et la mise en place de joint-ventures. Elles ont aussi pour mission d’informer le secteur privé sur les opportunités économiques et les projets de l’État. Un grand débat autour de la Vision 2050 est prévu à cet effet le 27 février à la CCIAD.
Atouts et faiblesses des Chambres consulaires
Jean-Paul Madior Diouf, de la Direction du Commerce Intérieur, a dressé un bilan contrasté des Chambres consulaires. Parmi leurs atouts, il a cité leur présence sur l’ensemble du territoire, la diversité de leur composition, leur participation aux conseils d’administration et leur collaboration avec les partenaires techniques et financiers.
Toutefois, plusieurs faiblesses limitent leur efficacité. Le cadre juridique obsolète, l’absence d’élections consulaires depuis 2010, le manque de ressources budgétaires et la faible implication des sections dans les initiatives stratégiques constituent des freins à leur développement. Pour une meilleure contribution à la Vision 2050, il préconise l’élargissement des sections à des secteurs émergents comme le pétrole, le gaz et les mines, ainsi qu’un accompagnement accru des acteurs dans la recherche et le développement.
Pour une meilleure implication des acteurs
Sokhna Astou Gueye, vice-présidente de l’ACIS, a exhorté les acteurs économiques à se rapprocher davantage des Chambres consulaires. Elle a regretté que de nombreux entrepreneurs ignorent encore les services qu’elles offrent.
Les débats ont également mis en exergue la nécessité de renouveler les instances consulaires, notamment avec l’émergence de nouvelles organisations professionnelles depuis les dernières élections. Dr Mbaye Chimère Ndiaye a indiqué que les autorités consulaires sont prêtes à aller vers de nouvelles élections, mais que leur organisation relève de la responsabilité de l’État.
Sanou BADIANE