Samba Badji, ancien SG du Syndicat des travailleurs de la SONACOS (Ziguinchor), à la retraite « Il faut aller vers la création de petites unités de transformation bord champs »

Samba Badji a travaillé pendant plusieurs années à la SONACOS de Ziguinchor où il a même dirigé le syndicat des travailleurs. Très au fait des évolutions dans la filière arachidière, il analyse les difficultés que rencontre l’usine qui fête bientôt ses 50 années d’existence notamment dans la collecte. Pour le développement de la transformation, il recommande la mise sur pied d’unités de transformation bord champ pour capter les opportunités dans la chaîne de valeur.

Entretien

Dans la région naturelle de Casamance, les productions arachidières sont assez importantes. Est-ce que la SONACOS parvient à gagner de grandes parts de marché dans la collecte ?

Ce que la SONACOS de Ziguinchor reçoit en termes d’arachide vient à presque 90 % de la région de Kolda. De toutes les régions du Sénégal, c’est Kolda qui produit le plus. Ce qui veut dire que le bassin arachidier s’est déplacé vers le sud. Ce que j’ai remarqué, c’est que la production d’arachide au niveau de la Casamance de manière globale n’est pas en croissance. Je peux même dire qu’avant les années 2000, on parvenait à collecter autour de 100 000 tonnes et on faisait même des opérations de semences. Mais après la libéralisation, d’autres acteurs se sont intéressés à notre arachide, réduisant ainsi les parts de marché de la SONACOS, surtout à Ziguinchor. Les exportateurs sont entrés dans l’activité. Mais également la production a baissé, car il y a des problèmes au niveau des semences, des engrais et de la pluviométrie. Même si au niveau national, les chiffres parlent d’une hausse de la production, la SONACOS ne parvient pas à collecter une grande partie. Sur 1 700 000 tonnes (niveau national), la SONACOS ne parvient même pas à avoir 20 000 tonnes. Il y a de quoi se poser des questions.

Selon vous, qu’est-ce qui explique que la SONACOS n’arrive pas à collecter une plus grande partie de la production arachidière dans la zone ?

Au niveau de la SONACOS de Ziguinchor, nous parvenons à transformer tout ce que nous collectons. Mais il se trouve que l’usine achète en fonction de ce qu’elle peut vendre. Il y a un système de proportionnalité. Donc, la SONACOS ne peut pas se permettre d’acheter toutes les graines disponibles pour les transformer en huile sans être sûre de pouvoir l’écouler. Elle tient compte de ses parts de marché en vente d’huile. Mais ce qu’on a remarqué, c’est que nous n’avons jamais atteint notre demande. Notre capacité de transformation dépasse de loin notre capacité de commercialisation. L’offre en termes de graines d’arachide n’est pas satisfaisante.Il s’y ajoute aussi le problème du prix. Le prix de l’arachide est tel que si la SONACOS ne contrôle pas un peu son approvisionnement, l’huile d’arachide produite risque de ne pas être compétitive. Si le prix de la matière première est très élevé, le produit final risque de ne pas être compétitif par rapport au prix sur le marché mondial. Mais l’un dans l’autre, en termes de capacités de trituration, nous sommes extrêmement performants. Notre cadence de trituration peut aller jusqu’à 500 tonnes par jour.

A votre avis, comment développer la filière de la transformation de l’arachide pour garantir plus de valeur ajoutée à la production ?

Je crois qu’en termes de format, il faut aller vers les PME afin de développer de petites unités de transformation qui ne prennent pas beaucoup d’énergie, ni beaucoup de personnel. Il faut aller vers cela. Ce sont des unités qui peuvent être implantées non loin des zones de production pour être à l’abri des contraintes de logistique. Cette usine (SONACOS) était conçue pour 600 000 tonnes, et d’après nos calculs, la production actuelle ne dépasse pas 500 000 tonnes. La SONACOS a 7 implantations pour une capacité de production de 30 000 tonnes. Vous voyez ce que cela fait en termes de manque de performance, alors qu’on paie des taxes, qu’on a une direction générale, beaucoup de charges pour une capacité de production extrêmement faible. Pour que les Sénégalais puissent avoir accès à l’huile d’arachide, il faut qu’elle soit produite à moindre coût. Il faut aussi que ceux qui font la transformation puissent faire la production, c’est-à-dire produire leurs propres graines d’arachide afin de contrôler les intrants et les conditions de transformation. Alors qu’avec les grandes usines, il y a un minimum à avoir pour être rentable.

Sanou BADIANE

 

Papa Code NDOYE

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