Filière avicole face à la pandémie Covid-19 : Le PRAVIS pour maintenir à flot les activités
A l’instar des autres segments de l’économie sénégalaise, la filière avicole nationale a subi les soubresauts de la pandémie Covid-19, qui a ralenti la bonne trajectoire des activités avicoles au Sénégal. Aujourd’hui, les acteurs de la filière misent sur le programme PRAVIS (Plan de relance de l’aviculture sénégalaise) pour redorer le blason de la filière avicole.
La filière avicole sénégalaise a vécu des moments très difficiles à cause de la pandémie Covid-19, témoigne Makhtar Mbodj, président de l’Interprofession Avicole du Sénégal (IPAS). Les hôtels, les restaurants fermés et les restrictions dans les déplacements ont fortement ralenti les activités des acteurs de la filière avicole, décrit notre interlocuteur. Maintenant, il faut dire que l’Etat du Sénégal, dans le cadre des appuis aux secteurs économiques impactés par la pandémie, a soutenu les acteurs de la filière avicole avec une enveloppe de 200 millions de FCFA, consistant à distribuer gratuitement des sacs d’aliment aux acteurs de la filière, explique le président de l’IPAS. Mieux, pour sortir de la léthargie causée par la pandémie, l’interprofession avicole a mis en place une task force avec le soutien de la tutelle, notamment le Ministère de l’Elevage et des Productions animales pour un plan de relance de la filière, renseigne Makhtar Mbodj. C’est ainsi que le PRAVIS a été mis en place avec le FNDASP (Fonds national de développement agro-sylvo-pastoral), avec les soutiens de l’IPAR, la DER, le PSE et le Ministère du Commerce, révèle-t-il. D’après le président de l’IPAS, le PRAVIS a été validé en Conseil des Ministres en juillet 2021, est aujourd’hui à ces débuts de mise en œuvre par l’Etat du Sénégal, qui a mobilisé 2 milliards de FCFA dans le cadre de ce programme. Dans le détail, Makhtar Mbodj déclare qu’il s’agit de 1,5 milliard logé à la DER pour la relance de la filière avicole, pour les petits producteurs, et 500 millions pour le système d’information de la filière avicole. Pour vous dire que l’Etat est résolument engagé à accompagner la filière avicole, se félicite le président de l’IPAS. Par ailleurs, Makhtar Mbodj soutient que l’IPAS est la première interprofession officiellement reconnue par l’Etat du Sénégal, conformément à la loi agrosylvopastorale. L’IPAS tient régulièrement ses réunions statutaires et nous avons organisé le 26 juin dernier, notre AG de renouvellement, la troisième du genre et mon mandat a été renouvelé, informe le président de ladite entité.
Miser sur la transformation du poulet pour augmenter la consommation
Aujourd’hui, la filière avicole sénégalaise est bien outillée et la production annuelle se chiffre à 60 millions de poulets, déclare avec enthousiasme le président de l’IPAS. Cette posture s’explique par le fait qu’il y a une très grande marge de progression pour la filière avicole. En effet, selon Makhtar Mbodj, la moyenne de consommation au Sénégal est de 5kg de poulet par personne et par an, alors qu’au Maroc elle est de 18kg par personne et par an, en Europe c’est 26kg et en Israël 52kg. Tout ceci pour vous montrer qu’au Sénégal la consommation de poulets reste faible, souligne le président de l’IPAS. Par ailleurs, la contrainte principale de la filière avicole concerne l’aliment. Les intrants sont importés (maïs et soja) et les cours mondiaux de ces produits ont augmenté. Aujourd’hui, les prébendiers ont augmenté le prix du sac d’aliment avicole à hauteur de 8%, constate Makhtar Mbodji. Sur un autre registre, ce dernier explique que le Sénégalais a l’habitude d’acheter le poulet en entier. Maintenant, la filière est en train de s’orienter dans la transformation avec la découpe du poulet au niveau des nouveaux abattoirs modernes. La découpe va permettre de démocratiser la consommation de poulet et les consommateurs pourront acheter soit un pilon, une cuisse ou une aile, à un prix abordable qui oscille 300, 400 ou 500 FCFA, argumente le président de l’IPAS. L’idée est de s’inscrire dans les mêmes pratiques que la vente de viande rouge, poursuit notre interlocuteur. Aujourd’hui, la filière avicole sénégalaise n’a d’autres choix que de s’inscrire dans la transformation du poulet avec la découpe. Le financement est disponible au niveau de la DER, et il faut que les acteurs travaillent sur des projets ficelés sur la transformation du poulet et sa distribution à grande échelle, annonce le président de l’IPAS. En parallèle, il mentionne que l’IPAS travaille actuellement sur le système d’information de la filière avicole, par rapport à l’aliment, aux poussins, aux emplois du secteur et de la cartographie des acteurs de la filière. Tout ceci est très important, car ces informations permettront à la filière de bien progresser. Le PRAVIS avec ses différentes orientations permettra à la filière avicole d’avoir fière allure, conclut Makhtar Mbodj.
El Hadji Sady NDIAYE