Coût de l’électricité, garanties bancaires, marchés publics : Dr Mouhamadou Sow énumère un ensemble de réformes à apporter

La pandémie de COVID-19 a mis à rude épreuve l’économie sénégalaise et a souligné la nécessité de développer une souveraineté dans de nombreux domaines. C’est notamment le cas du domaine pharmaceutique, dont les besoins ont considérablement augmenté pendant la pandémie. Pour réduire la dépendance aux importations, le gouvernement du Sénégal ambitionne d’atteindre l’autosuffisance en matière de médicaments, ce qui passe par la mise en place d’une industrie locale performante et compétitive. Pour cela, le Dr Mouhamadou Sow, directeur général de Téranga Pharma, énumère des réformes importantes à apporter dans plusieurs domaines.

Créée en 2017 par 670 actionnaires dont 90 sont des médecins et pharmaciens, Téranga Pharma est une industrie pharmaceutique sénégalaise qui ambitionne de fabriquer 17 des 18 molécules jugées prioritaires par l’Etat du Sénégal dans la perspective d’atteindre la souveraineté pharmaceutique.
Implantée dans la zone industrielle de Mbao, l’entreprise qui a commencé la commercialisation de ses produits en 2021, occupe désormais le site de l’ancienne usine de Pfizer Sénégal.
Selon Dr Mouhamadou Sow, Directeur général de l’entité, Téranga Pharma ambitionne également d’arriver à près de 75 molécules. L’entreprise prévoit en outre, d’investir 5 à 6 milliards FCFA pour mettre en place de nouvelles unités de fabrication, notamment une unité d’antibiotiques et de comprimés effervescents, renseigne le pharmacien.

Pour la baisse des coûts de l’électricité

L’électricité est un élément essentiel dans la production industrielle, mais elle constitue également une charge très élevée pour les producteurs locaux. Selon le Dr Sow, le coût du kilowatt au Sénégal est très élevé par rapport à d’autres pays. « Nous payons 115 francs CFA, tandis que la Côte d’Ivoire est à 67 francs CFA et l’Éthiopie à moins de 20 FCFA. L’électricité coûte très cher pour nous », explique-t-il. Le Dr Sow considère également que la prime fixe est une grande injustice pour l’industrie pharmaceutique locale. Il trouve injuste de « payer pour quelque chose que vous n’avez pas consommé pour des entreprises qui ont besoin de trésorerie et de compétitivité ». Il est donc important de pouvoir réduire cette charge.

Garanties bancaires

La production industrielle de médicaments nécessite des investissements assez importants et par conséquent, des moyens financiers colossaux. Cependant, l’accès aux financements bancaires n’est pas garanti aux investisseurs locaux en raison d’une insuffisance de garanties liée à l’ampleur des investissements. Le Fonds de
Garantie des Investissements Prioritaires (FONGIP), mis en place par le gouvernement du Sénégal pour garantir des crédits bancaires pour le financement des projets porteurs de croissance, est confronté à un problème de seuil, selon le Dr Sow. « Le seuil du FONGIP est de 500 millions, alors que nos investissements dépassent cette somme », constate-t-il. Pour accompagner les investissements dans l’industrie pharmaceutique, le Directeur Général de Téranga Pharma plaide pour le relèvement du seuil, en particulier pour ces entreprises.

Marchés publics

En 2021, le président de la République a pris un décret (n° 2021-383) qui stipulait que les médicaments et produits essentiels de santé acquis par la Pharmacie Nationale d’Approvisionnement (PNA) et dont le processus de fabrication est entièrement effectué sur le territoire national ne sont pas soumis aux dispositions du décret de 2014 portant code des marchés. En d’autres termes, ce décret permettait à la PNA de s’approvisionner directement auprès des producteurs locaux. Une aubaine pour ces derniers qui voyaient s’ouvrir un grand marché de commercialisation. Toutefois, en 2022, un nouveau décret lié au nouveau code des marchés est venu abroger ces dispositions.
Dr Sow dit toutefois espérer qu’avec les arrêtés ministériels, les acteurs locaux vont obtenir ce qui a été la substance de l’ancien décret et par conséquent, continuer à approvisionner la PNA en produits pharmaceutiques fabriqués localement.
Par ailleurs, il invite la PNA à signer des contrats de performances triennaux ou quinquennaux avec les industries locales afin de leur permettre d’avoir un niveau de
production élevé et faire des investissements en équipements.

Sanou BADIANE

Papa Code NDOYE

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