Journée de la CCIAD à la FIARA : La problématique du commerce transfrontalier passée à la loupe
La journée dédiée à la Chambre de Commerce d’Industrie et d’Agriculture de Dakar (CCIAD) à la Foire Internationale de l’Agriculture et des Ressources Animales (FIARA) a été placée sous le thème : « le commerce transfrontalier : enjeux et perspectives ». A cet effet, le Secrétaire général de l’Institution Consulaire, Dr Mbaye Chimère Ndiaye et le chef de Division Intégration et Coopération Industrielle à la Direction du Redéploiement Industriel (DRI), Bintou Dia Mme Manga, ont fait des présentations. Ils ont pointé le curseur sur les opportunités offertes par le développement des échanges dans les zones frontalières et les entraves à l’accroissement du volume des transactions dans lesdites zones.
Dr Mbaye Chimère Ndiaye a attiré l’attention du public sur l’importance de développer le commerce transfrontalier, source de création de richesses et levier pour réduire la pauvreté. Il milite pour la circulation des capitaux dans les zones frontalières. Le secrétaire général de la CCIAD considère la Namibie, le Botswana et l’Ile Maurice comme de « bons élèves » en la matière. En Afrique, l’importance des échanges au niveau des frontières, renseigne-t-il, ne se reflète pas sur les statistiques dans la mesure où l’informel domine. D’après une étude de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), les flux non enregistrés représentent plus de la moitié des échanges commerciaux intra-africains.
Déficit en financement
S’appuyant sur les conclusions de l’Observatoire des Pratiques Anormales de la CCIAD, Dr Ndiaye indexe l’état des routes, le temps des opérations de dédouanement, l’absence de commissionnaires en douane, entre autres dans le lot des obstacles. Il déplore le fait que les commerçants perdent beaucoup d’argent à cause des frais indus le long des corridors Dakar-Bamako et Dakar-Bissau par exemple.
Le secrétaire général de la CCIAD considère également la non-maîtrise des démarches administratives et l’absence de mécanismes de financement du commerce transfrontalier comme des facteurs bloquants. Selon un rapport de la Société Financière Internationale (IFC) publié en janvier 2023, le déficit en financement du commerce transfrontalier en Afrique est de l’ordre de 100 milliards de dollars américain. Le faible taux de formalisation des entreprises est aussi un problème, d’après Dr Ndiaye.
Sur le même ordre d’idées, la représentante de la Direction du Redéploiement Industriel, Bintou Dia Mme Manga décèle des faiblesses dans la zone UEMOA à savoir le niveau de développement des infrastructures et la différence de monnaie. Elle considère les chocs exogènes découlant sur la hausse des produits et l’instabilité sous-régional provoquant la fermeture des frontières comme des menaces sur l’activité. Le chef de Division Intégration et Coopération Industrielle appelle les autorités à se pencher sur les entraves volontaires des forces de sécurité.
Accompagnement des acteurs
Pour saisir les opportunités offertes par le commerce transfrontalier, Mme Manga propose l’organisation de campagnes d’information et de sensibilisation. Elle demande de renforcer le mécanisme de surveillance sur les barrières tarifaires en Afrique et mettre en place des programmes de renforcement de capacités pour les entreprises. Selon elle, la vulgarisation des outils de tarifs préférentiels et la promotion de la qualité auprès des entreprises sont une nécessité.
Dans la même veine, le Secrétaire général de la CCIAD souhaite la mise en place d’un mécanisme d’alerte aux obstacles du commerce et l’application rigoureuse des directives de la Commission de l’UEMOA. Il recommande la création d’une haute autorité de gestion et de suivi des corridors. Dr Ndiaye est en faveur de la bonne connaissance du paysage africain de financement du commerce transfrontalier et d’un accompagnement approprié au profit des acteurs.
Onass Mendy