Ousmane Sy Ndiaye, Directeur Exécutif de l’UNACOIS JAPPO : « La ZLECAF peut être une grande opportunité de croissance et de développement . . . » 

Après le lancement de la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine (ZLECAF), le directeur exécutif de l’UNACOIS JAPPO donne son point de vue sur les atouts du Sénégal et analyse les chances de succès du secteur privé, des commerçants et industriels locaux dans ce vaste marché. Ousmane Sy Ndiaye aborde aussi le volet de l’élimination des obstacles au commerce et formule des suggestions pour que le Sénégal puisse tirer son épingle du jeu économique et commercial africain. 

Atouts du Sénégal
La ZLECAF annonce de bonnes nouvelles et augure d’un avenir prometteur, voire reluisant pour le secteur privé. D’un marché de moins de 400 millions de consommateurs, elle nous bascule dans un marché de 1,2 milliard de consommateurs. Il faudra se préparer, en conséquence, pour en saisir les opportunités. Le secteur privé sénégalais n’est jamais suffisamment préparé pour se lancer dans une compétition d’envergure continentale. Les atouts du Sénégal dans la ZLECAF sont réels, si l’Etat arrive à asseoir avec le secteur privé, un cadre propice au développement des investissements productifs notamment. Pour y arriver, les bases productives nationales devront être mises à niveau. Le savoir-faire sénégalais dans le domaine de l’agro-fruiticole est reconnu.  A ces atouts majeurs, le commerce et les services sont également à positionner, forts de la situation géographique du Sénégal. La ZLECAF peut être une grande opportunité de croissance et de développement si, à l’échelle nationale, les ajustements structurels nécessaires sont réalisés.

Chances de réussite des commerçants et industriels
La ZLECAF consacre un espace de commerce libre et facile entre différents pays africains impliqués. Les chances de succès et de réussite des commerçants et industriels du Sénégal dépendent, en grande partie, de la qualité des politiques et stratégies nationales définies pour lever les obstacles au commerce. Les barrières non-tarifaires (BNT) figurent parmi les principaux obstacles au commerce entre les pays africains. Ces obstacles réglementaires et procéduraux comprennent, entre autres, les opérations douanières à la frontière, la documentation sur les règles d’origine, les inspections avant expédition, les réglementations de transport, les mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS) ainsi que les obstacles techniques au commerce (OTC). Bien que l’impact négatif de ces obstacles sur le commerce intra-régional soit reconnu, les initiatives visant à les supprimer n’ont porté qu’un succès limité jusqu’à présent. Un rapport de la Conférence des Nations-Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) relève que les pays africains pourraient gagner 20 milliards de dollars par an, en s’attaquant à ces obstacles au niveau continental – bien plus que les 3,6 milliards de dollars qu’ils pourraient gagner en éliminant les droits de douane. La bonne application des réglementations liées au commerce pour assurer la santé des consommateurs, protéger l’environnement et veiller à la sécurité nationale est légitime. Mais des restrictions disproportionnées ou inadéquates peuvent, par contre, constituer des obstacles non tarifaires et doivent être levées. L’usage de règlementations non tarifaires à des fins de politiques protectionnistes va à l’encontre des principes de l’intégration africaine. La Commission Economique pour l’Afrique des Nations-Unies (CEA) estime que la ZLECAF a le potentiel de stimuler le commerce intra-africain de 52,3% en éliminant les droits d’importation et en doublant les échanges commerciaux si les obstacles non tarifaires venaient à être réduits. Ces préoccupations sont, entre autres, des plus urgentes.

Elimination des obstacles au commerce
Il est évident que si l’Etat œuvre à l’élimination des obstacles au commerce, des résultats économiques significatifs seront obtenus dans le cadre de la ZLECAF. Pour y arriver, il faudra, entre autres, s’approprier le mécanisme de signalisation, de suivi et d’élimination des barrières non tarifaires, qui est une initiative qui permet de répondre à la problématique de la facilitation du commerce à l’échelle du continent. En efft, cet outil permet aux entreprises africaines de jouer un rôle actif dans l’élimination des obstacles au commerce intra-africain, en signalant les barrières non-tarifaires et en obtenant une résolution en ligne du problème afin que les échanges commerciaux s’opèrent sans entrave. Les obstacles signalés sont recueillis et traités par les autorités nationales, régionales et continentales, à travers un mécanisme de coordination. Ce mécanisme fait partie du projet de création de la ZLECAF, adopté par les chefs d’États africains. 

Autres suggestions pour tirer le meilleur profit dans la ZLECAF
A titre de rappel, il faudra, dans les meilleurs délais, s’accorder sur les modalités pour relever les principaux défis liés au lancement de la ZLECAF dont : – La nécessité et l’urgence de mettre à niveau les PME sénégalaises à travers l’amélioration de l’environnement des affaires, le développement de programmes spéciaux de soutien et d’encadrement des PME, afin de leur permettre d’améliorer leurs techniques de production pour s’adapter aux exigences des marchés internationaux et aux normes internationales.
– L’accentuation de la communication pour une bonne appropriation par les acteurs : Les entreprises doivent être pleinement informées et sensibilisées sur les opportunités et potentialités de la ZLECAF.
– La promotion des PPP  indispensables pour assurer et faciliter les investissements dans la mise en place d’infrastructures commerciales intra-africaines, la mobilisation des fonds de financement du commerce, la fourniture d’informations commerciales et la prestation de services logistiques.
– La mise en place d’un cadre permanent de dialogue bipartite sur le suivi des accords, la surveillance conjointe du marché et les partenariats.

Joseph SENE

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