Lac Rose submergé : L’exploitation du sel à l’eau, les acteurs dans le désarroi   

Haut lieu de l’exploitation du sel, le Lac Rose a été transformé, selon les acteurs économiques, en bassin de rétention des eaux de pluie provenant de certains quartiers environnants, durant l’hivernage. Du coup, le niveau de l’eau ne permet plus aux exploitants de sel de s’adonner à leurs activités économiques. Dans le désarroi, ils appellent les autorités à les sortir de l’ornière.

D’un bleu azur, le Lac Rose, submergé d’eau de pluie, a perdu sa couleur fétiche et également son activité florissante autour de l’exploitation du sel. Sur la berge, se trouvent quelques amas de sel. Plusieurs pirogues tanguent au bord du Lac.
Cette année, l’eau de pluie en provenance de Keur Massar, Kounoune, Niague, Sangalkam, etc., a été déviée vers le Lac Rose, renseigne Ngala Ndoye, responsable à la Coopérative des Exploitation du Sel (COPSEL).
Les huttes de fortune qui servaient d’abris aux acteurs sont dans l’eau. De même, la route qu’empruntaient le Rallye Paris-Dakar ainsi que les transporteurs est recouverte d’eau.
Le Lac Rose a une forte teneur en sel. Celle-ci est de 380 g / litre, révèle Mor Guèye, président des Artisans du Lac Rose. « Cependant, avec le trop plein d’eau, l’on a perdu la densité du sel », se plaint l’opérateur économique. Il signale que les activités touristiques ont été fortement impactées tout comme les exploitants du sel, à cause du trop-plein d’eau dans le Lac.

Activités à l’arrêt

En effet, les activités liées à l’extraction du sel sont à l’arrêt. A cette période de l’année,  explique Ngala Ndoye, l’exploitation du sel battait son plein au Lac Rose. Le cours d’eau avait une profondeur de 3 à 4 mètres (avec environ 1,5 mètres d’eau et 1,5 mètre de sel).
« Mais aujourd’hui, la profondeur du Lac est estimée à 6 m. Il est par conséquent impossible de se tenir à l’intérieur du cours d’eau pour récupérer le sel. Les activités d’extraction du sel sont à l’arrêt », se désole-t-il.
La morosité des activités saute à l’œil nu. Abrités sous une hutte, des membres de la Coopérative des exploitants du sel au Lac Rose, devisent tranquillement, en se tournant les pouces.

Acteurs sinistrés

Plus loin, certains ouvriers remplissent des sacs de sel tandis que d’autres chargent le produit sur un camion gros-porteur. Pourtant en temps normal, des milliers d’acteurs économiques travaillent au niveau du Lac Rose, révèle Ngala Ndoye. Durant la période de récolte, certains hommes pouvaient gagner jusqu’à 25.000 FCFA par jour et les femmes, qui déchargeaient le sel des pirogues, pouvaient engranger chacun 7.000 FCFA par jour. L’extraction du sel au Lac Rose faisait, en effet, l’affaire des villages environnant et même des acteurs étrangers. Les 5 villages environnants sont Déni Birame Ndao Nord, Dénin Birame Ndao Sud, Mbey, Wayébam et Niague, énumère Ngala Ndoye.

Solutions pour sortir de l’ornière

En voulant trouver des solutions aux inondations, l’on a fini, selon lui, par impacter les acteurs économiques qui gravitent autour du Lac Rose. Face à cette situation qui a plongé les opérateurs économiques dans le désarroi, ce responsable de la COPSEL propose 2 solutions. La première consiste, à son avis, à diminuer le niveau de l’eau en pompant le liquide vers la mer, pour que le Lac retrouve sa couleur rose, qui fait l’affaire des acteurs touristiques et des exploitants du sel. « Si l’on ne diminue la quantité d’eau, d’ici 2 à 3 ans, il sera impossible d’exploiter le sel », avertit-il. La deuxième solution pour éviter un tel scénario consiste, selon lui, à dévier l’eau de pluie ailleurs ou bien de construire en amont du Lac Rose des bassins de rétention.
Pour ce responsable de la Coopérative des Exploitants du sel, la problématique actuelle du Lac Rose concerne le ministère du Travail, du Tourisme, du Commerce, de l’Environnement, de l’Economie, ainsi que le  ministère en charge de l’Eau et de l’Assainissement.

Joseph SENE

 

Papa Code NDOYE

http://bie.cciad.sn

Related post