SENEFOOD, SENEPACK 2024 : Plaidoyer pour l’incorporation des céréales locales dans la fabrication du pain

La 11e édition du Salon International pour l’Alimentation et la Transformation Alimentaire (SENEFOOD) et du Salon International pour l’Emballage (SENEPACK) s’est tenue du 6 au 8 juin 2024 au Centre International de Conférence Abdou Diouf. Ces salons, couplés à deux autres (SENAGRO et BCH EXPO), ont été le lieu de rendez-vous de nombreux professionnels de l’emballage, des produits alimentaires, de la décoration et des produits cosmétiques, entre autres.
Lors de la dernière journée, un panel scientifique a réuni les professionnels de la boulangerie autour de l’incorporation des céréales locales dans la fabrication du pain. Les acteurs ont lancé un fort plaidoyer pour une plus grande valorisation de ces produits.

L’incorporation des céréales locales dans le pain consommé au Sénégal est un vœu longtemps exprimé par les professionnels de la boulangerie regroupés au sein de la Fédération Nationale des Boulangers du Sénégal (FNBS). Elle permettrait à la fois de valoriser les céréales produites dans le pays et de s’affranchir du diktat du blé importé dont les prix échappent au contrôle du Sénégal.
Selon Amadou Gaye, président de la FNBS, le Sénégal importe actuellement un million de tonnes de blé par an, alors qu’en 2000, cette importation se chiffrait à 200 000 tonnes. Chaque jour, 10 millions de baguettes de pain sont produites par les 2 521 boulangers recensés en 2021 dans le pays, alors que seules 159 boulangeries incorporent régulièrement des céréales locales dans leurs pains.
L’une des conséquences majeures réside dans le fait que le Sénégal arrive difficilement à contrôler le prix du pain à cause de la cherté du blé. C’est pour cette raison que l’État est obligé de subventionner le prix du pain à hauteur de milliards par an pour éviter la flambée des prix. Une stratégie difficilement soutenable car pesant lourdement sur les finances publiques.

Valoriser les céréales locales

De l’avis d’Amadou Gaye, beaucoup de réformes doivent être apportées pour inciter les acteurs (meuniers, boulangers) et aussi les consommateurs à adopter les céréales locales. L’une de ces réformes est la révision du décret 79-665 portant sur l’incorporation des céréales locales dans la fabrication du pain. Aussi, la défiscalisation des céréales locales est préconisée pour asseoir leur compétitivité.
Selon Khalil Rahmane Ndiaye, coordinateur du pôle Structuration au BOS-PSE, il est paradoxal d’exonérer le blé importé sans en faire de même pour les produits céréaliers locaux. Il révèle par ailleurs qu’un décret consensuel a été produit pour actualiser celui de 1979, mais qu’il reste à être signé.
De son côté, Adama Lam, président de la Confédération Nationale des Employeurs du Sénégal (CNES), a lancé un fort plaidoyer pour le changement des habitudes alimentaires des Sénégalais. « Nous importons chaque année 234 milliards de francs CFA en blé. On ne peut pas continuer à manger quelque chose qu’on ne produit pas et vouloir avoir un contrôle sur les prix », dit-il. À ses yeux, la stratégie de l’État consistant à subventionner le pain ne peut pas continuer. Il pense que les Sénégalais doivent accepter de consommer les produits issus du pays. Il appelle aussi les autorités à tenir un langage de vérité aux populations.

Construire une économie endogène

Présent à cette rencontre, Boubacar Dramé, conseiller technique au Ministère de l’Agriculture, a assuré que les autorités actuelles ont bien compris l’importance de la souveraineté alimentaire. C’est pourquoi elles ambitionnent de bâtir une économie endogène qui aidera à renverser la tendance actuelle. Il explique par ailleurs que les subventions doivent être réorientées vers la production.
Ce panel a aussi vu la participation d’acteurs venus de la sous-région qui ont partagé leurs expériences avec leurs homologues sénégalais.

Sanou BADIANE

Papa Code NDOYE

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